Soudainement, tout bascule...
Comment assurer l’avenir de Julian ?
La mère de Julian contacte l’office de la protection de l’enfance de Stuttgart en janvier 2025 et demande une conférence familiale pour son fils, étant donné qu’elle est gravement malade.
Cette requête arrive au Familienrat-Büro (le bureau des Conférences familiales à Stuttgart) jeudi et je la reçois un jour plus tard. Lors du premier contact téléphonique ce jour-là, je comprends que la mère est déjà à l’hôpital. Elle est si malade qu’elle est en attente d’un lit dans un hospice. Le samedi, je rends visite à la mère dont l’état est critique. Je parviens à établir une liste des personnes à inviter et formule sa demande :
Le but de la conférence familiale doit être
- Que Julian soit placé dans un environnement propice et stable après ma mort
- Que je puisse lâcher mon rôle de mère
C’est un moment extrêmement émouvant mais aussi confrontant : il faut réussir à joindre les membres de la famille et les amis très rapidement. Ils doivent être préparés pour la conférence familiale, donner leur consentement et être prêts à faire face à cette situation délicate. Le dimanche, je n’ai pas de nouvelle de la mère. Lundi en journée non plus.
Lundi soir, un ami de la mère m’appelle : c’est un premier contact ! Elle a réussi à contacter tous les autres membres de la famille et toutes les questions ont été clarifiées avec eux. Comme la grand-mère de Julian est également malade, les sœurs de la mère qui vivent loin sont dans la région de Stuttgart et une réunion avec l’ensemble de la famille devient réalisable à l’hôpital où se trouve la mère.
En parallèle, le bureau des Conférences familiales a pu mettre en place une série de discussion avec le travailleur social et le psychologue impliqués dans cette conférence afin de préparer leur intervention. Le psychologue qui s’est entretenu avec Julian a pu participer à la Conférence familiale et y lire une lettre. Un adjoint du travailleur social a pu y assister également pour clarifier des aspects juridiques.
La Conférence familiale est planifiée pour jeudi après-midi, soit une semaine à peine après avoir reçu la demande. Lorsque j’arrive à la clinique, la mère vient tout juste de décéder. Quelques membres de la famille et son fils sont présents. La question de savoir si la famille veut et peut se réunir pour la Conférence familiale reste entièrement ouverte.
Progressivement, les autres membres de la famille et le psychologue sont arrivés et la famille a décidé de faire la Conférence comme c’est prévu. Mû par le désir de faire le nécessaire pour Julian, la tristesse et la douleur sont mises de côté. Avant la Conférence, la famille fait ses adieux à la mère, revient à la Conférence et établit un plan.
Pendant la phase de planification, il apparaît lors des discussions avec le travailleur social qu’il y a une multitude de difficultés juridiques insolvables dans cette situation.
La journée se termine pour Julian et sa famille avec une grande perte et un sentiment de tristesse profonde et d’impuissance.
Quatre semaines plus tard, un rendez-vous est pris avec le tribunal de la famille pour déterminer la prise en charge de Julian. Le bureau de la protection de l’enfance invite la famille à une réunion de suivi avec les questions suivantes :
- Comment la famille peut-elle soutenir Julian à construire sa vie ?
- Julian aimerait continuer à vivre dans la maison où il a emménagé avec sa mère. Comment la famille peut-elle rendre cela possible ?
Cette réunion est également plannifiée dans un court délai. Cependant, la préparation est plus facile car tous les contacts sont déjà établis et chaque personne connait le processus de Conférence familiale. Comme la situation juridique est complexe, l’Office de protection de l’enfance est représenté par 3 employés : un travailleur social, un avocat et le service des tutelles. Lors de cette phase, il s’avère que la grand-mère de Julian décède. C’est un nouveau coup dur pour Julian et sa famille.
Les deux tantes de Julian assistent au rendez-vous seulement à distance. Lors de la réunion, tout le monde est concentré et les complexités juridiques sont expliquées à la famille. Le résultat de la conférence familiale est inhabituel, car les tâches listées dans le plan ne sont pas confiées à la famille, mais sont déléguées aux professionnels. Cela correspond à la complexité juridique de la situation et les professionnels les acceptent. C’est douloureux d’apprendre que le souhait de Julian de rester dans sa maison ne pourra pas se réaliser.
Deux conférences familiales ont été tenues pour Julian et sa famille dans des délais très brefs. Cela a pu se faire car tout le monde a immédiatement accepté de participer. Ils ont mis de côté leurs inquiétudes parce que le bien-être de Julian était le plus important pour eux. L’Office de la protection de l’enfance s’est beaucoup investie dans ce dossier et l’a rendu possible.
Il y a sans aucun doute un sentiment d’impuissance prédominant face au décès, mais aussi à cause du cadre légal qui ne donne aucune marge de manœuvre à la famille. Elle a pu poser des questions, faire des suggestions, mais dépendent du travail des spécialistes. Cependant, elle a pu faire l’expérience du soutien crucial de la part du l’Office de protection de l’enfance. Chacun a aussi pu se sentir plus fort par le fait de ne pas se sentir seul pendant cette période. Bien au contraire, cette famille a traversé ces moments difficiles tous ensemble et a pu créer des bases pour l’avenir de Julian.
Les funérailles de la mère et de la grand-mère de Julian se sont déroulées deux semaines après la réunion de suivi de la Conférence familiale.
Une histoire venant d’Allemagne
Ecrite par Jochen Ratmann – Coordinateur de Conférence familiale à Stuttgart et traduit de l’allemand vers l’anglais parDeepL.com (free version) et Marion Brunner, Familienrat-Büro Stuttgart, Allemagne. La version anglaise se trouve sur le site FGC Network https://fgcnetwork.eu/stories/