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9 décembre - Témoignage : une Conférence jeunes

Nous vous demandons souvent de nous apporter vos histoires. Voici une coordinatrice, Charlotte N. qui l’a fait !
Charlotte est expérimentée en Conférences familiales et a récemment suivi la formation de coordinateur de Conférence jeunes. Voici ce qu’elle rapporte.

La jeune a 13 ans et depuis quelques mois, elle est en fugue, elle a arrêté sa scolarité et les liens avec son père son très conflictuels !
Je l’ai rencontré deux fois depuis septembre, et je lui ai proposé la conférence.
Elle a accepté et étaient présent hier : la jeune, sa mamie, son père et une amie de son père chez qui elle va de temps en temps.
Hélène (ma cadre) était scribe.

Nous avons démarré par les présentations et la valorisation de la jeune puis je lui ai demandé ses objectifs de vie. Je l’ai trouvé super car elle a indiqué « vouloir trouver une stabilité dans ma vie ».
Les échanges ont été nombreux et le père n’a pas toujours été tendre avec sa fille, lui nommant la perte de confiance.
La jeune a été prise par l’émotion mais a été en capacité d’entendre, de rester et de construire son projet.

Elle refusait la mesure de placement mais suite à la conférence, elle accepte :
– d’aller en famille d’accueil la semaine,
– de passer les week-ends chez sa mamie et chez l’amie de son père.
Progressivement son souhait étant de rentrer chez son père « avec des éducateurs ».
Le père va faire les démarches pour l’école et l’amie pour les rendez-vous médicaux.

Je l’ai trouvé très courageuse et franchement, en 1 heure 30,
nous avons établi son projet !


 2 décembre - La punition ou la rencontre ?

Une collègue nous lance un défi : « Montrez-moi un exemple où la punition a eu un effet positif ! » (Belinda Hopkins de l’organisation Transforming conflict en Angleterre et précurseur de la justice réparatrice* à l’école).

Belinda dit toujours : « Bien que les gens aient tendance à penser que les pratiques réparatrices sont utilisées uniquement lorsque les choses vont mal, les actions menées en amont sont en fait de loin les plus importantes. »
L’objectif de l’enseignement selon elle, est de développer un esprit de coopération sociale et de « vivre ensemble », une plus grande participation et expression des élèves ainsi que des politiques de prévention pour minimiser les risques de harcèlement.

Le 8 novembre dernier, 175 personnes de l’Académie de Limoges impliquées dans le projet pHare contre le harcèlement, sont venues à une journée d’introduction à la justice restaurative et ont aimé cette formation qui a nourri leur réflexion.

Quand nous parlons de justice restaurative, nous pensons avant tout aux conflits et problèmes que nous souhaitons régler autrement : créer de la cohésion au lieu de la détruire. Car vous le savez sans doute, les punitions concernent pour 80 % des garçons et que ce sont souvent les mêmes qui sont impliqués - qu’ils en tirent une grande fierté, quoi de mieux que quelques jours de vacances de plus que les autres ? - Il faut savoir aussi, que, comme les harceleurs, ils sont plus facilement sujet aux mauvaises influences qui peuvent avoir une grande influence sur leur vie d’adulte.

Le remplacement du processus classique basé sur la punition et la récompense par la démarche restaurative laisse la place à une vision et des pratiques qui touchent les personnes de façon plus profonde, car faisant appel aux motivations intrinsèques et relationnelles.

Que signifie la motivation intrinsèque ? Que le comportement que vous produisez vient de vous-même. Par exemple, pour un adulte, il ne roule pas trop vite, même s'il sait qu’il n’y pas de radar. Quant aux jeunes, ils se donnent de la peine pour faire un joli dessin, même s’il n’y a pas de note. C’est cela la motivation intrinsèque.

Et la motivation relationnelle ? Elle se manifeste par une approche qui se fondera davantage sur l'atteinte aux personnes et aux relations, et donc sur le préjudice subi par la victime. En rencontrant la victime, l’auteur réalise les conséquences de ses actes et peut-être même aussi sur les personnes de son entourage : sa mère, ses ami.e.s.
Pour cela, auteur et victime doivent s’exprimer. Peut-être tout d’abord en intimité, avec un interlocuteur neutre, avant éventuellement de se rencontrer pour comprendre ce que l’autre a vécu. Et plutôt que de penser à la punition, peut-être trouveront-ils une autre solution.

* Réparatrice = restaurative