Les conférences familiales

La conférence familiale désigne un modèle de processus contrôlé qui mène à la prise de décisions par la famille concernée.

Trois principes essentiels sont respectés dans les différents contextes nationaux où sont pratiqués les conférences :

  1. la notion de « famille » intègre la famille élargie, les amis, les voisins et autres personnes significatives,
  2. la famille développe son plan d’action dans un temps privé, sans les professionnels,
  3. les professionnels acceptent le plan d’action sauf s’il présente un danger pour l’enfant.

(e.a. Sundell K. et Vinnerljang B dans ‘Child Abuse and Neglect’ 28, 2004, p. 228).

Évaluations faites aux Pays-Bas

Tous les ans, aux Pays-Bas, le bureau d'études WESP établit un rapport d'évaluation de toutes les conférences familiales. Sachant qu'année après année, les résultats se ressemblent, voici les données :

  • plus de la moitié des enfants qui ont participé à ces conférences ont au moins un parent de nationalité étrangère,
  • la moitié des enfants a entre 0 et 12 ans, l’autre moitié a plus de 12 ans,
  • les familles qui ont participé à une conférence familiale reçoivent déjà de l’aide, un quart depuis moins d’un an, la moitié entre un an et cinq ans et un quart depuis plus de cinq ans,
  • il s’agit souvent d’une dernière chance avant d’impliquer le juge des enfants,
  • les questions abordées sont diverses, un tiers sur l’éducation et un tiers sur le meilleur endroit où l’enfant doit vivre,
  • après avoir accepté de participer à une conférence, un tiers des familles se rétracte, et dans un tiers de ces cas, c’est parce que la famille commence déjà à organiser des solutions ; quelquefois les circonstances changent et d’autres fois, ils changent d’avis.

Les conférences ont lieu dans des espaces publics ou privés (un restaurant par exemple). La moitié a lieu le samedi, l’autre moitié un jour de la semaine.

40% des conférences durent entre 5 et 8 heures, quelquefois suivies d’une deuxième assez rapprochée. Il y a au minimum 6 et au maximum 34 participants avec en moyenne 13,6 participants : 63 % des participants font partie de la famille, 12 % du réseau social et 21 % des professionnels. Un fort pourcentage des invités ne vient pas, environ 15 % des membres de la famille et 10  % des professionnels.
Il y a toujours un résultat : 92% après une réunion, 6% après deux réunions et 2% avec l’assistance du travailleur social.

Les plans d’action décident que environ la moitié des enfants ne changent pas d’habitat, les autres vont vivre chez un de leurs parents ou dans une famille d’accueil de la famille élargie ou en foyer. Dans la moitié des cas l’enfant se rapproche de sa famille. Dans un quart des plans est prévu ce qu’il faut faire si les choses ne se déroulent pas comme prévu, parfois d’une façon très détaillée.

Les fiches d’évaluation sont retournées par plus de la moitié des participants. L’appréciation de la conférence est positive dans 94 % des cas, avec une note de 7,7/10 en moyenne. Certaines personnes ont répondu que leur appréciation dépendrait de l’exécution du plan. Le coordinateur reçoit une note de  7,9 en moyenne.

Pour tous les rapports et articles en anglais : www.wespweb.nl

Les cas où une conférence familiale pourrait être proposée

  • (Risque de) maltraitance

  • Divorce

  • Problèmes comportementaux ou d'éducation des enfants

  • Maladie psychiatrique, toxicomanie, déficience intellectuelle des parents

  • Décès imminent d'un des parents

  • Violences conjugales

Placement des enfants

En Nouvelle-Zélande une conférence familiale est organisée dans tous les cas où un mineur rentre en contact avec la justice. Aux Pays-Bas, si un enfant risque d'être placé sous tutelle, dans les six semaines, une conférence familiale doit être proposée. En Angleterre, en cas de divorce, un conseiller du tribunal peut proposer l'organisation d'une conférence familiale. Un très grand site sur les conférences familiales existe aux États Unis. (www.fgdm.org, en anglais)

En France, cette méthode n’est que très rarement utilisée alors que la base du travail social est le maintien des enfants dans la famille ! Le nombre très élevé de plaintes de parents et d’enfants auprès du défenseur de l’enfant au sujet des placements, la manque de possibilité de contact et la souffrance que cela induit, sembleraient indiquer la contre productivité de la mesure du placement. Le placement en famille d'accueil ne donne pas toujours les résultats attendus.
Vinnerljund, B. « Quand les enfants placés en famille d’accueil sont adultes », évaluation internationale des placements en famille d’accueil, (1996)

Violences conjugales

Plusieurs conférences familiales dans le monde sont réservées aux femmes victimes de violence conjugale.

Burford et Pennell (Canada, 1999.) ont mesuré si l’organisation de conférences familiales aidaient à arrêter les violences familiales. Elles ont travaillé avec 32 familles dans 37 conférences. 472 personnes ont participé dont 384 membres de la famille et personnes de confiance et 88 travailleurs sociaux. Après les conférences, les familles ont été suivies pendant deux ans. Les indicateurs ont été comparés à ceux d’un groupe de familles à qui la conférence familiale n’avait pas été proposée.

Dans le groupe de familles ayant participé à des conférences familiales, le nombre de mesures de protection d’enfance a diminué de 233 à 117 (baisse de 49 %), tandis que le nombre de mesures dans un groupe comparatif a augmenté de 129 à 165 (hausse de 21 %) Le nombre de situations de maltraitance des femmes dans le groupe de familles ayant participé à des conférences familiales a diminué de 84 à 34 (baisse de 59 %), tandis que dans l’autre groupe, il est monté de 45 à 52 (augmentation de 13 %.).

 

Pennell J. and Burford G., Family Group Decision-making and Family Violence, New Directions in Community-Centered Child and Family Practice, Canada, 2000 et dans le Journal International de Victimologie : Wemmers, JA, Cousineau, MM, Martire, M, ‘Besoins des victimes de violences conjugales, les victimes désirent-elles un pouvoir de décision? http://www.jidv.com/WEMMERS_COUSINEAU-JIDV2003-1-(4).htm